À la lecture de tracts syndicaux, entre autres du SNALC, je suis tombé sur cet article1, pour lequel je ne fournis pas de lien direct.
Cet article est navrant, comme d'autres de ce blog, tant sur son contenu direct que sur l'idéologie véhiculée. Je m'explique. Sous couvert d'une analyse pour comprendre les réformes du système scolaire, on assiste à une charge basée sur des anecdotes plus ou moins drôles, présentant les nouveaux savoirs et compétences que nous cherchons à développer chez les plus jeunes.
Ainsi, l'article commence par se gausser d'une lecture faite par la ministre en charge de l'Éducation Nationale d'un exercice d'un récent sujet de mathématiques. Celui-ci fait la part belle à des notions très nouvelles, au moins du point de vue de l'enseignement. En effet, ce n'est que très récemment que la loi exponentielle2 a fait son apparition dans les programmes d'enseignement. Ceux-ci font d'ailleurs la part belle aux statistiques et aux probabilités. Celles-ci étant omniprésentes dans notre vie de tous les jours, il s'agit ni plus ni moins que de jeter les bases du raisonnement probabiliste afin de former des citoyennes éclairées.
L'article se développe assez longuement sur un thème cher aux réactionnaires : « le niveau baisse, ma brave dame ! » Sur ce, suit une charge contre les dernières réformes en brodant sur ce thème précédent. Ainsi, on glorifie les méthodes d'enseignement éminemment verticales : le savoir provient d'un maître ou d'un livre et l'élève, doué d'une mémoire prodigieuse, sélectionne le passage pertinent et l'utilise à bon escient dans la situation devant la quelle il est confronté. Il s'agit bien évidement d'un fantasme, nos propres apprentissages ne se sont pas passés ainsi.
En revanche, ce qui est sûr, comme le note François Taddei3, nous sommes toutes nées scientifiques et par voie de conséquence, nous expérimentons le savoir. Ainsi, nous avons formé nos goûts, (in)dépendamment des goûts de nos parents, ou nous avons appris à parler par mimétisme, tâtonnement, et expérimentations. Au contraire de l'affirmation péremptoire le savoir ne se construit pas mais se transmet4, le savoir et plus encore les compétences se construisent. Par exemple, j'ai beau avoir la connaissance théorique et savant du code de la route, je n'ai pas nécessairement la compétence pour conduire.
L'article revient de façon épisodique sur les mathématiques bien qu'il prétendait au vu de son titre que celles-ci constituaient son cœur. Mais quand il y revient, on frise le passéisme. Extraire une racine carrée n'est pas réellement une opération mathématique de très haut niveau et la comparer à un calcul d'énergie cinétique est ambitieux. L'un fait appel à une machine alors que l'autre nécessite de prendre des décisions, de faire des hypothèses. Mais cette approche n'est qu'un moyen de vilipender la «pédagogie par compétence». Pratiquant depuis quelques années une approche par compétence, à défaut d'une pédagogie uniquement centrée dessus, j'ai fini par comprendre que : - l'évaluation par compétence n'est pas un facteur suffisant de motivation de l'élève ; - une compétence clairement identifiée et travaillée avec un élève lui permet de progresser ; - l'acquisition et la validation de compétences permet à l'élève (et à tous) de devenir à son tour «enseignant»
Pour appuyer le propos, l'exemple choisi est entouré d'une dose de mauvaise foi à faire vomir les pires trolls des Internets. N'oublions pas que les enseignements, quels qu'ils soient ne sont que des moyens devant permettre la réalisation des citoyens de demain. L'étude d'un moyen pour lui même est du ressort du chercheur qui veut l'améliorer, mais qui a déjà une idée a priori de ses utilisations.
Finissons le calvaire, avec un exemple tiré Stratégie mathématiques. Contrairement à ce que laisse croire l'article, l'informatique n'est pas présent juste sous la forme de jeu, mais au contraire devient un support (au même titre que le jeu d'ailleurs) au raisonnement. Cette initiation à l'algorithmique, science de l'informatique, permet d'ailleurs de se forger une opinion sur un traitement informatique tel qu'il est réalisé dans notre société moderne. Il suffit pour cela de regarder la littérature journalistique autour du code de calcul des impôts ou du code de classement des étudiants dans les universités.